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lundi 17 octobre 2016

à la lecture de l’hypertexte


Extrait du livre de Patrick Moya "l'art dans le nuage" aux éditions Baie des Anges en 2012


"Lire, c'est souvent livrer son intelligence ou son érudition au hasard. C'est d'autant plus vrai avec l'augmentation exponentielle des publications sur internet, qui offrent un nombre de combinaisons infinies, soumises aux lois d'une grande loterie culturelle. J'avais été fasciné, étant plus jeune, par les digressions de Raymond Hains que je côtoyais à Nice ou à Paris : il m'invitait à déjeuner, non pas pour parler avec lui mais pour que je l'écoute, dans un long monologue, suivre un fil fait de jeux de mots, qui le menait d'un simple nom de rue au nom d'un centre d'art, à celui d'un artiste, pour revenir au nom du restaurant où l'on mangeait, parcourant avant l'heure les voies d'un hypertexte mental.

Patrick Moya "La comédie de l'Art" manifestation de Verbes d'Etats Cours saleya 1986- NICE













J'avais trouvé là une réponse à cette question de savoir ce qu'allait devenir la culture face au trop plein de livres : on ne pourrait plus, dans le futur, faire de choix en toute certitude. Faute de pouvoir être universel, je ne pourrais faire une oeuvre qu'à partir de ce que je n'avais pas choisi mais qui s'imposait à moi : mon nom. Et si j'ai inscrit les quatre lettres de mon nom, M.O.Y.A., dans mes premières oeuvres, c'est en imaginant la fin probable du copyright. Ce qui me paraissait rendre encore plus nécessaire la présence, au centre de l'oeuvre, de l'attribut le plus évident de l'artiste, sa signature. Une certitude que j'avais acquise très jeune, ayant si souvent entendu dire à propos de Picasso, "il n'y a que la signature qui compte". D'où ma conviction que, pour qu'un auteur reste  le "Maître" de son oeuvre, quelque soit l'utilisation, la copie ou la rediffusion qui en sont faites, il doit mettre sa signature au centre.

Patrick Moya "La Ruée vers l'Art" manifestation de Verbes d'Etats Gare SNCF 1987- NICE
















Cette forme archaïque de copyleft avant l'heure s'est d'ailleurs avérée très efficace. J'ignorais alors que le nom, devenu "lien", serait bientôt la porte d'entrée informatique vers l'oeuvre mais on le pressentait... "

lundi 10 octobre 2016

L'art numérique doit s'échapper du carcan des technologies.

L'histoire des techniques et des matériaux est une des parties de l'histoire de l'art. Elle ne peut en être le point central. L'histoire de l'art est, en elle-même, un épiphénomène de l'art : elle a sans doute été trop souvent revendiquée comme élément nécessaire à la compréhension du phénomène artistique. Les produits de la technologie permettent aujourd'hui de faire soi-même une image ou d'agir sur elle : l'ordinateur Thomson MO5, que j'utilisais au milieu des années 80, fut pour moi le premier moyen d'intervenir dans l'image télévisée, comblant mon fantasme de pénétrer au coeur de cette image. Il est inutile de se poser la question de savoir si l'ordinateur est le médium ou le support de l'art : il est les deux. Pour autant, le net art, comme l'art numérique, utilisent souvent les processus habituels de l'art contemporain, qu'on imagine être les seuls à pouvoir conférer le statut d'oeuvre d'art : le détournement, l'altération, le retournement du sens ainsi que le message sociétal ou politique. A l'apparition de chaque nouveau média, il est facile de deviner comment les artistes le détourneront pour faire oeuvre. Un simple logiciel bien programmé pourrait faire ce travail. Mais c'est sans doute parce que ce serait trop facile, qu'il faut trouver ailleurs ce que sera le processus de la fabrication de l'art. L'art numérique, qu'on imagine pouvoir faire échapper l'oeuvre à la matière, s'alourdit trop souvent de technologies destinées à le montrer dans les structures des musées ou des festivals. Pourtant, c'est l'immatérialité de l'oeuvre et surtout de sa démonstration qui fait sa spécificité. En entrant dans le nuage, il ne pourra que se débarrasser de cet attirail technologique devenu inutile dans un univers où il n'y a plus d'espace spécifique d'exposition.



Extrait du livre de Patrick Moya "l'art dans le nuage" aux éditions Baie des Anges en 2012

samedi 1 octobre 2016

l'automatisation de l'art

Extrait du livre de Patrick Moya "l'art dans le nuage" aux éditions Baie des Anges en 2012

"Bientôt, les progrès de l'intelligence artificielle permettront de
concevoir des logiciels intégrant les processus qui permettent
de produire des oeuvres d'art contemporain.
Un robot muni d'une intelligence artificielle dans le laboratoire de recherche des îles Moya de second Life
Ce robot donne des idées d'oeuvres.

Ainsi, en quelques secondes, toutes les idées possibles
seront disponibles pour une situation donnée, un thème ou
une combinaison d'objets.
Ces logiciels intégreront tout ce que l'art contemporain aime
faire subir aux formes, aux idées et aux objets : détourner, altérer,
épurer, pervertir.
On visitera des biennales automatiques, ce qui rendra caduque
une part de la création contemporaine, libérant ainsi l'artiste de
sa fonction de chercheur d'idée pour le faire revenir à sa fonction
essentielle, celle d'être un Artiste."